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La psychosomatique relationnelle

La "psychosomatique relationnelle" est une discipline, qui interroge le destin de la santé et des pathologies humaines à partir de leur double appartenance au corps et à l’esprit. Cette discipline est fondée par Sami-Ali, thérapeute, philosophe, peintre et plasticien. Émilie Danchin, artiste photographe, philosophe et psychothérapeute, est passionnée par la pensée de Sami-Ali. Elle l'explore et l’approfondit en mettant en relation les souvenirs de rêve de nuit et l’activation de la rêverie de jour dans les photographies. Après s'être intéressée à la psychologie des rêves (Jung), Émilie Danchin est devenue experte en photothérapie et en photographie thérapeutique et d'action sociale. Aujourd'hui, elle est pionnière dans ce champ d'activation et de mise en mouvement du rêve et de la relation grâce à la photographie dans l'approche psychosomatique relationnelle. Elle le documente dans son travail photographique et clinique. Elle le met en application dans des cadres de soin à son cabinet privé ou dans des institutions. Elle publie des articles et participe à des conférences pour transmettre ce qui a pris la forme d'une méthodologie de photographie projective dans l'approche relationnelle.

La psychosomatique relationnelle permet d’envisager les psychothérapies de manière vivante et de recouvrer l’espoir d’aller mieux. Le travail n’est pas basé uniquement sur la parole car le corps et l’esprit sont mobilisés ensemble, dans une perspective d’équilibre réciproque des deux. Ce qui est visé est leur unité grâce au travail psycho-corporel et dans les images. Les concepts de Sami-Ali (la relation, l’imaginaire, le rêve, le temps, l’espace, la langue maternelle, le corps réel et le corps imaginaire…) sont à prendre au sens propre. Autrement dit, ce sont des pivots sur lesquels le psychothérapeute s’appuie concrètement pour soigner les patients.

En psychosomatique relationnelle, la donnée de base est la relation. Dès l’origine, nous sommes engagés dans des liens avec les autres. Les autres nous préexistent ; ils nous ont conçus et portés avant notre naissance ou que nous soyons capable de penser ou parler. La façon dont nous ressentons, la manière dont nous imaginons notre vie dépendent entièrement de ces relations, c'est-à-dire de la qualité de nos liens avec autres. Par conséquent, le psychothérapeute portera d’abord son attention à la nature des relations de ses patients (sereines, conflictuelles ou impossibles) pour poser des premières hypothèses de travail et discerner comment construire la relation thérapeutique avec les patients de manière privilégiée et solide. Émilie Danchin décrit l’espace de la psychothérapie comme une "barque", dans laquelle les patients et elle-même montent ensemble le temps du traitement. Le travail se fait à deux, en relation. Les patients doivent pouvoir se reposer sur la présence active et l’investissement du psychothérapeute, sinon le travail n'a pas lieu.

Nous vivons les évènements de la vie objectivement (des événements nous arrivent) et subjectivement (nous réagissons à ces évènements dans toute notre splendeur singulière). Une part d’imagination est en fait nécessaire dans la vie pour traverser les évènements qui nous affectent. L’imagination nous porte. Elle sert à donner du sens à ce qui nous arrive malgré nous et à nous projeter en avant. De là découlent une forme d'élan vital et de résilience. Or, cette part d’imaginaire dépend intégralement du capital relationnel évoqué plus haut. Selon les forces relationnelles en présence, elle est plus ou moins active. En réalité, l’imaginaire, la capacité à se projeter dans la vie, est proportionnelle à la qualité atmosphérique de nos relations. Les deux fonctionnements (le fonctionnement imaginaire et le fonctionnement relationnel) sont équivalents. Ils apparaissent et disparaissent proportionnellement au cours de la vie car l’imaginaire se réduit à peau de chagrin s’il n’est pas nourri par un tissu relationnel sain. Observer les deux fonctionnements des patients complète le tableau des maux somatiques et permet de poser un diagnostic sur leur état de santé global. Les fonctionnements relationnel et imaginaire sont deux portes d'entrée. Elles donnent accès aux patients et déterminent une direction à suivre dans le traitement, en collaboration avec les médecins lorsque c’est nécessaire.

L’accueil des patients en psychosomatique relationnelle est personnalisé, chaleureux. La disponibilité, la souplesse et la gentillesse sont primordiales. La neutralité n’est pas préconisée. Chaque relation thérapeutique est naturelle, singulière car le psychothérapeute est présent d’égal à égal, de sorte que les patients puissent se sentir bien et reprendre confiance. Le but est qu’ils se sentent épaulés, accompagnés et qu’ils retrouvent une motivation existentielle et qu’ils partagent avec le psychothérapeute un élan de vie grâce au travail relationnel et imaginaire. Le psychothérapeute évalue leur fonctionnement relationnel (conflit et impasse) et leur fonctionnement imaginaire (pathologie de l’extraordinaire, de l’imaginaire ou du banal ou fonctionnement mixte). Il les met en perspective de façon dynamique, c'est-à-dire qu'il va chercher à provoquer leur osmose.

Pour y arriver, il commence par s'atteler à rendre la relation thérapeutique vivante. Il parle, il pose des questions et il dresse l’état des lieux des relations et de l’imaginaire des patients. Il laisse transparaître ses propres ressentis et il répond également à des questions, notamment sur la méthodologie de travail et sur la vie. Il fait des ponts entre le présent et le passé et le futur avec les patients. En même temps, il met l’accent sur les éventuels souvenirs des rêves de nuit et leurs équivalents (le degré de rêverie et d’affectivité décelables en journée), d’où saillissent les éclairages et les débouchés dont les patients ont besoin. Le psychothérapeute tient compte en même temps de la qualité de leur sommeil et des troubles du corps (maladies somatiques) et de l’esprit (troubles psychiatriques).

Techniquement, la psychologie des rêves (l’onirothérapie) et dans les photographies (la photothérapie) constitue un appui imparable pour trouver ce qui préoccupe globalement les patients et relancer un mouvement psychosomatique équilibré (la psychosomatique relationnelle). Les images recèlent des pistes de solutions personnelles, inaccessibles autrement. Le travail sur le corps (la relaxation psychosomatique relationnelle, le travail sur les micro-gestes) complète le travail dans les images. L’objectif est d’unifier des éléments qui sont hétérogènes, le corps et l’esprit, de permettre le saut entre les deux, sans exclure ou défavoriser l’un par rapport l’autre. Il s’agit de ré-harmoniser le corps et l’esprit, d’inclure le mouvement du corps dans celui de l’esprit et réciproquement, au travers de la projection de ce que les patients ressentent dans ce qu’ils voient. Autrement dit, il s’agit d’étoffer leur existence en affects pour qu’elle leur ressemble et les agrée. Cela se passe au travers du mouvement de projection de l’imaginaire, qui se lève grâce à la présence de l’autre qui sert de double. Le psychothérapeute sert de double au patient dans la psychothérapie, afin qu’il puisse rebattre les cartes de son existence et trouver son autonomie. Lorsque la relation thérapeutique et la revalorisation des images du rêve permet d'unifier le corps et l'esprit, une réelle détente s’installe progressivement. Les patients contactent leur rythme corporel et le découvrent. Cela leur permet d’instaurer une nouvelle relation au temps, à l’espace, au sommeil, au rêve et aux autres qui leur convient mieux et dans laquelle ils sont moins susceptibles de s'égarer.