The Eyes Have It

Pour plonger dans l’été, j’ai envie de vous faire découvrir un atelier de photographie thérapeutique mené à plusieurs reprises dans un hôpital de jour pour adolescents. C’est l’occasion de vous inviter à regarder les ateliers de photographie thérapeutique et d’action sociale, que j’ai développés au fil des saisons, et celui-ci justement en été, intitulé « En vacance(s) ». Que veut dire en effet être en vacances pour des adolescents tenus de fréquenter l’hôpital pendant l’été ? Comment les embarquer dans une aventure photographique (l’atelier photo) qui leur permette d’associer l’idée d’une période de vacance (celle de l’hospitalisation) et l’envie de partir en vacances et rapporter des vrais souvenirs de vacanciers dans les deux sens du terme ? Découvrir des films, regarder des livres, imaginer des histoires de vacancier, se représenter sa vie de vacancier, son hospitalisation (une autre forme de désœuvrement), sortir comme en vacances à la mer et à Pairi Daiza dans le cadre de l’hospitalisation, faire des photos à l’ancienne sur le thème des vacances, se laisser photographier en vacancier, faire des tirages, faire un album photo ensemble, créer et envoyer des cartes postales de vacanciers, tout cela nous a bien occupés. Nous avons bien voyagé et rêvé les yeux grand ouverts. Et finalement, grâce à la magie des yeux et de l’esprit, et pour le dire avec la merveilleuse photo de Harry Callahan « The Eyes Have It », c’est-à-dire que Oui !, l’album photo et les cartes postales l’avaient la magie des vacances ! Et ce sont les yeux qui l’ont créée ! En prenant des photos, nous y étions allés. Nous étions partis en vacances et cela nous a comblés, partiellement certes, mais significativement !

Alors, et nous, comment et où allons-nous voyager cet été ? À quoi allons-nous rêver ? Dans quel genre de vacance(s) avons-nous envie de nous projeter et qu’avons-nous besoin de trouver dans le réel cet été ? Les vacances ne sont-elles pas un moment personnel et privilégié pour convoquer un rythme, le temps et l’espace autrement et simultanément, se laisser prendre par ce que nous voyons (les images) et ce qui nous regarde différemment (les affects) ?

Et puis, à la rentrée, la formation en photothérapie reprend à Bruxelles à partir du 23 septembre 2021. Si vous êtes inscrits et souhaitez vous mettre dans le bain, peut-être voudrez-vous feuilleter en guise d’introduction librel’édition électronique de mon travail « Magnolia » et lire la conversation avec Emmanuel d’Autreppe qui y est publiée ? Voudrez-vous aussi parcourir « La Chambre claire » de Roland Barthes ? Ou pour ceux qui embarquent la seconde partie du cours en novembre, profiterez-vous de cet espace de transition estival pour jeter un œil curieux sur « Jeu et réalité » de Winnicott ? Quoique vous fassiez, que cela vous inspire !

Je vous souhaite de belles vacances et je serai heureuse de vous retrouver, tous requinqués, à la rentrée.

Émilie Danchin