Histoires à dormir debout
"L'Amour est la disposition favorable de l'affectivité et de la volonté à l'égard de ce qui est senti ou reconnu comme bon, diversifiée selon l'objet qui l'inspire et l'inclination envers une personne, le plus souvent à caractère passionnel, fondée sur l'instinct sexuel mais entraînant des comportements variés" (Petit Robert).
Entre mise en scène intime, photographie documentaire et sonore et roman photo, Émilie Danchin, photographe, nous interpelle sur le thème de l’amour. Histoires à dormir debout est un projet photographique et audio en 2 parties. Touchée par leur sensibilité romantique, Émilie Danchin a choisi de faire les portraits de dix homosexuels, accompagnés de bandes sons réalisées à partir d’entretiens avec eux sur le thème de l’amour. En parallèle, elle dresse le portrait onirique d’une jeune comédienne transformée en archétype de la jeune fille amoureuse. Les photographies entre dormeur du Val et chaperon rouge sont accompagnées d’un montage sonore de textes écrits par la photographe et interprétés par le modèle.
Histoires à dormir debout est complété par Autofiction un roman-photo reprenant les tribulations intérieures de la jeune fille autour des sentiments d’abandon et de trahison et La somnambule et le taxidermiste une création documentaire sur le sentiment de prédation.
Montage sonore Carine Zimmerlin
Histoires à dormir debout, portraits sonores
"Dans un contexte occidental de désenchantement sentimental et d'hyper médiatisation des comportements "marginaux", on présente les minorités en s'attachant à ce qui les discrimine. Autrement dit, on ne montre que ce qui les distingue. Ce faisant, on les enferme dans des catégories spécifiques ne leur offrant qu'un espace réduit de parole autour de leurs "déviances", ce qui finalement ne fait que renforcer le sentiment de différence ou d'exclusion. En réalité, il n'est jamais question de partir d'une communauté "marginale" et de faire le pont vers une communauté plus vaste. Au contraire, par un effet pervers ou volontaire, on donne le change à l'homophobie en stigmatisant l'identité gay et ses comportements sexuels. Ce faisant, on porte constamment atteinte au droit à la protection de la vie privée, c'est-à-dire au droit d'échapper aux intrusions d'autrui dans ce qui ne regarde que soi et en particulier ses préférences sexuelles. Et finalement, quand on y songe, ne répugne-t-on pas à toute possibilité d'identification à la communauté gay ?
Dans cette perspective, il m'a semblé pertinent de rencontrer la communauté homosexuelle sur le terrain de l'amour au travers d'une série de portraits lors d'entretiens photographiques. C'est précisément sur ce terrain qu'elle est couramment sollicitée à cause de ses orientations sexuelles, voire poursuivie par le spectre du libertinage couramment associé à celui du sida. J'ai eu envie d'une entrée en matière profondément humaine dans cette communauté en dehors du milieu, au détour de dialogues intimes sur le thème infini des amoureux de Peynet car elle soutient à mes yeux le paradoxe magnifique d'une hyper-vitalité sensuelle et d'une quête éperdue de romantisme. Demandant à des personnes gays autour de 40 ans de décliner leurs états d'âme par rapport à l'amour et non leur orientation sexuelle et évoquant au passage leur communauté, je me suis dit qu'elles pourraient être vues entières. Elles nous donneraient l'occasion de nous laisser gagner comme à la lecture d'un roman, par ce qui nous regarde universellement et ce qui sentimentalement nous bouleverse."
Émilie Danchin
The Daydreamer, portrait poétique
"Parallèlement, j'ai dressé le portrait onirique d’une jeune comédienne, sorte d'archétype de la jeune fille amoureuse. Les photographies entre dormeur du Val et chaperon rouge sont aussi accompagnées d'un montage sonore entre rêve et réalité sur la douleur de l'abandon."
Émilie Danchin