Belle comme une image

L'atelier Belle comme une image a été créé à l'initiative du WIELS centre d'art contemporain dans le cadre du Contrat de quartier Saint-Antoine à Forest. Des femmes de la Maison des Femmes de Forest avaient émis le souhait d'apprendre la photo. Sans avoir jamais travaillé avec ce public, Émilie Danchin pressentait quelle pouvait être leur situation de vie. Interpellée par la déferlante d’images de femmes objets dans l’espace public, la multiplication des foulards et le renforcement des dérives comportementales d’une partie des hommes vis-à-vis des femmes, elle a eu très envie de répondre à cette proposition. Elle a proposé une réflexion sur la femme, l’identité féminine au travers de son image à développer pendant une dizaine d'ateliers. C’était quelque part culotté car comment poser la question de l’identité féminine au travers de son image alors qu’elle est réduite à une image sous le regard invasif de l’homme, les femmes ayant elles-mêmes intériorisé ce regard dès la prime enfance ? Comment se voir, se regarder, se montrer ou simplement évoluer dans la vie en dehors de ce regard ou sans en tenir compte ? Comment en plus combiner image personnelle et image publique ? Quel genre d’images de femmes peut-on créer à l’ère de la reproductibilité et de la pornographie ? L’image d’une femme cachée sous un foulard bleu marine tenant un miroir dirigé vers celui qui regarde a émergé pendant l’atelier. "Avant de me regarder, regardez-vous. Avant de parler de moi, parlez sur vous !" ont-elles été plusieurs à commenter sans mélo ni révolte, dans une forme de résignation conforme...

L'atelier photo était composé d'étapes d'introspection personnelle à partir de photos d'identité, d'une centaine d’images de femmes produites par des artistes, d'objets apportés par les participantes elles-mêmes et la production de souvenirs. Émilie Danchin les a photographiées ; elle souhaitait réaliser une série de portraits artistiques. Les participantes, elles, ont photographié leur quotidien entre les ateliers. Elles ont créé un album avec des photos et des collages comme trace de l'atelier. Les participantes se sont prêtées au jeu avec beaucoup de vivacité et d’humour. Il y avait de la confiance, de la liberté, de la curiosité, une envie d’apprendre renouvelées. Elles ont appris la photo et à décrire des sentiments, des éléments de leur personnalité, à nommer des émotions, leur accorder de la valeur et leur donner une place.

Démarré au Wiels avec un groupe de femmes majoritairement d'origine maghrébine, il s'est poursuivi dans d'autres lieux avec des femmes d'origine sociale et culturelle diverse dans plusieurs communes de Bruxelles (La Boutique culturelle et Le Cactus, le Service de l'Égalité des chances à Anderlecht, La Maison de la Création BXL Nord et la Maison Mosaïque à Laeken, l'Espace Magh 50 ans de l'immigration marocaine, la Maison des Femmes de Schaerbeek). À la longue, Belle comme une image est devenu un projet à part entière avec une méthodologie bien construite, des albums et des expositions et des conférences.