EVA, mises à nues par elles-mêmes
EVA, mises à nues par elles-mêmes
Eva Gonzales apparaît, comme Berthe Morisot, comme l'une des premières artistes femmes. Son travail se focalise souvent sur la représentation d'autres femmes dans des scènes quotidiennes et cela dans une proximité particulière. En effet, la représentation des femmes dans la peinture n'a jamais manqué mais elle a souvent été teintée du désir du peintre pour son modèle...souvent nue, souvent lascive et endormie ou bien encore tentatrice, démoniaque et sanguinaire ; ces représentations ont donc participé à la représentation que la société s'est construite de l'identité féminine. Du Déjeuner sur l'herbe de Manet à La Mariée mise à nu par ses célibataires, même de Duchamp, il semblerait que l'imaginaire érotique est à sens unique. Malheureusement, tout comme celle de la plupart des artistes femmes d'avant-guerre, l'oeuvre d'Eva Gonzales a été pour le moins éclipsée du devant de la scène. À l'exception de quelques pionnières, il aura fallu attendre le XXème siècle pour que les femmes puissent enfin commencer à accéder à la possibilité de s'auto-représenter et les années 70 pour que les pionnières accèdent à la consécration – Frida Kahlo, Louise Bourgeois, Cindy Sherman ou bien Nan Goldin.
Projection de films et exposition dans l’espace public
diep~haven, Festival transmanche de création contemporaine
avec : Danielle Arbid, Emmanuelle Antille, Véronique Caye, Émilie Danchin, Maimouna Doucouré, Ninar Esber, Agnès Geoffray, Valérie Jouve, Clarisse Hahn, Regine Kolle, Maïwen, Randa Maroufi, Karine Rougier, Delphine Seyrig, Agnès Thurnauer
Après avoir été monopolisée pendant des siècles par les hommes, et cela dans tous les arts, la représentation et a fortiori l'auto-représentation est finalement devenue une question cruciale dans le développement des arts au XXe siècle. Avec comme précurseurs les expériences de la photographie ouvrière nées en Allemagne et en Russie qui se sont nourries de l’expérience du Front Populaire en Espagne et en France, chaque communauté a pu, petit à petit, accéder à la possibilité de se représenter, avec comme dernier verrou la possibilité pour les peuples anciennement colonisés d'y accéder. Les femmes ont durement acquis ce droit qui semble encore fortement entravé par les diverses instances de pouvoirs. Car si nous voyons en France ou en Europe une grande majorité d'étudiantes dans nos écoles d'art, les femmes se font toujours rares dans les grandes rétrospectives, prix et festivals prestigieux et encore plus rares au cinéma derrière la caméra et cela s'accentue plus les budgets de productions sont importants. Ce combat, à l'accès à la pluralité des points de vue, ne peut être que salutaire pour tous et toutes afin de sortir de siècles d'oppression de toutes les minorités. Le droit à l'auto-représentation de chacune des composantes du monde est essentiel pour l'humanité.
Ainsi le festival invite cette année une vingtaine d'artistes provenant de trois continents et dont les oeuvres ont souvent questionné la représentation de leur genre. Cette programmation se déploie en deux volets :
Cette exposition dans l'espace public remplace celle initialement prévue cet été dans les collections d'art du Château-Musée de Dieppe. Les oeuvres de ces artistes contemporaines ont donc été reproduites sous différents formats afin de pouvoir s'adapter aux supports de nos partenaires. La ville, l'agglomération et Transdev nous ont offert affichages urbains, bus, cartes postales. Cette confrontation d'oeuvres contemporaines réalisées par des femmes représentant d'autres femmes avec tous les publics apporte d'autres points de vue sur la représentation du corps des femmes. Cela nous permet de constater avec satisfaction que notre époque permet enfin à la moitié de l'humanité de représenter son corps tel qu'il le lui apparaît. Ce qui est rarement le cas avec les publicités généralement affichées dans l'espace public...
Les projections au D.S.N. et les films disponibles gratuitement en ligne vous propose de découvrir de nouveaux films, des vidéos de créatrices actuelles ou bien de redécouvrir certaines oeuvres maitresses du 7ème art comme "Sois belle et tais-toi". L'histoire ne se refait pas mais nous pouvons lui donner un autre éclairage...