L’exploration de l’inconscient

Nous sommes entrées dans un dialogue. Liliane dessine spontanément et remarquablement le théâtre de ses émotions et de sa vie imaginée et réelle puisqu’elle se représente dans presque tous ses dessins romantiques et nostalgiques, naïfs et tragiques. Lorsqu’elle dessine, elle passe du rire aux larmes car elle campe quelque chose auquel elle aspire et pense n’avoir que partiellement accès. La sensation d’incomplétude est terriblement humaine et inévitable. J’ai relevé avec Liliane des postures, des motifs dans la façon dont elle se met en image dans son œuvre et je l’ai guidée dans la mise en scène d’elle-même en miroir de ses dessins. Nous sommes entrées dans un dialogue, un jeu de très jeunes filles où l’on a fait et refait "comme dans le dessin" et puis un jeu imaginaire "et si on disait que tu étais..." et ainsi de suite et encore et encore... Liliane a répondu patiemment à l’exercice photographique malgré la fatigue sans savoir trop où je voulais en venir, tout en le sachant. Elle s’est mise à dessiner en noir et blanc à partir d’un recueil de mes photographies. Et puis, elle s’est mise à signer ces dessins-là avec sa date de naissance "Liliane, le 9 juillet 1949". Et puis, très curieusement, elle a restitué dans quelques dessins les postures et les motifs tels que je les avais vus (le miroir, l’animalité, le rêve). Alors, côte à côte, au bord d’une table, nous les avons associés, jouettes, bavardes comme deux petites sœurs. Elle s’est endormie ! Moi, j’étais contente...