Diep insight ~ deep Inside
Si la photo force l'évidence du réel, peut-elle rendre compte de notre sentiment d'exister ? Dans son travail de portrait, Émilie Danchin cherche à documenter par quel mouvement créatif et relationnel nous nous situons personnellement dans le réel. C'est pourquoi elle propose à ses modèles des sujets de réflexion imagés, dans l'attente qu'ils s'y attachent passionnément, et qu'ils y mettent une part fondamentale d'eux-mêmes, celle qui demande à être créée. La série Diep insight ~ deep Inside poursuit ce rêve d'inscription dans un territoire, investi ici par un groupe de 17 personnes en demande d'asile lors d'une résidence d'artiste organisée par le Festival Diep ~ Haven sur le thème du portrait contemporain. C'est une tentative de création avec elles d'un lieu privé malgré tout, qui témoigne d'un espace d'inclusion réciproque de l'intérieur et l'extérieur, du réel et de l'imaginaire, du rêve et de la pensée, sous forme de documents photographiques.
Si la perspective de la résidence est phénoménologique, elle est éminemment relationnelle. Émilie Danchin a souhaité faire ce travail avec un groupe de demandeurs d’asile, qui venant d’autres horizons dans des circonstances éprouvantes, doivent obligatoirement faire ce travail imaginaire de découverte et d’inscription dans un territoire incertain et inédit et qui peinent inévitablement à le faire. Elle les a emmenés en reconnaissance d’un nouveau territoire sous le double prétexte qu’ils l'accompagnent (elle ne connaissait pas du tout Dieppe ; ils savaient mieux qu'elle) et de faire des photos (l’atelier) afin de relancer — ne serait-ce que partiellement — leur capacité à se représenter le territoire, c’est-à-dire à le voir, s’y projeter et y trouver leur place.